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Réussir en période de récession : Comment les fondateurs peuvent trouver du financement en période difficile

Avid Larizadeh Duggan, directeur supérieur, Croissance audacieuse RREO, a été invité à participer au forum des fondateurs à Berlin pour discuter des défis et des possibilités en matière de financement dans un contexte de récession. Lors d’un groupe de discussion animé par Johannes-Tobias Lorenz, associé principal chez McKinsey, M. Duggan a donné des conseils et partagé son expertise avec les fondateurs et les négociateurs influents qui ont participé à cet événement exclusif.

Avec la récession mondiale qui se profile à l’horizon, il serait compréhensible que les fondateurs et les négociateurs aient une vision pessimiste en matière de financement et de transactions pour les 12 prochains mois. C’est particulièrement le cas pour les entreprises qui ont été touchées par la crise financière mondiale de 2008, qui a entraîné une baisse du financement du capital de risque. Toutefois, comme on prévoit que la récession de 2023 sera relativement légère et qu’on pourra tirer parti de beaucoup de liquidités, il y a lieu de faire preuve d’un optimisme prudent à l’égard du paysage du financement au cours de la prochaine année.

Gravité de la récession de 2023

De nombreux économistes croient que la durée et la gravité de la prochaine récession seront plutôt modérées, comparativement à la récession de 2007-2008. Cette dernière a été causée par des pratiques peu rigoureuses d'octroi de prêts et par l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à risque élevé. Il y avait eu peu de signes avant-coureurs, et la crise s’est avérée être la pire en près de huit décennies.

Cette fois-ci, le ralentissement économique a été causé en grande partie par un déséquilibre entre l’offre et la demande. La pandémie a frappé l’approvisionnement mondial, alors que la demande a continué d’augmenter et a, à son tour, provoqué une inflation. La récession en 2023 sera probablement la plus anticipée de l’histoire. Elle a été prédite depuis plusieurs mois, ce qui donne aux banques centrales et aux entreprises suffisamment de temps pour se préparer. Le marché du travail demeure fort et les institutions financières sont bien capitalisées.

 

Financement de capital de risque

Nous ne savons pas encore exactement quelle sera l’incidence de la récession sur le financement de capital de risque, mais l’analyse de Morgan Stanley sur les récessions de 2000 et de 2008 fournit un contexte utile. Les recherches indiquent qu’il s’est écoulé quelque 20 mois entre le sommet et le creux du cycle de financement, dans chaque cas.

Dans le cycle actuel, le sommet du financement a eu lieu au quatrième trimestre de 2021. Si nous considérons que la plupart des sociétés ont suffisamment de fonds pour 18 mois avant de devoir chercher du financement, et que nous ajoutons une prolongation de 6 à 12 mois, mise en œuvre par la plupart des chefs de la direction, nous devrions voir les sociétés chercher du financement au cours du deuxième semestre de 2023 ou du premier trimestre de 2024 au plus tard.

 

Le secteur européen des placements

Une autre raison d’être optimiste est la quantité de liquidités dans le secteur du capital de risque. Cette dernière n’a jamais été aussi élevée. Les données de PitchBook indiquent qu’à la fin de juin 2022, environ 290 G$ de capitaux étaient inutilisés et attendaient d’être investis dans des sociétés existantes ou nouvelles. On peut en déduire que les investissements pourraient demeurer élevés en 2023 et 2024, malgré l’incertitude économique.

L’Europe semble prête à recevoir une part importante de ces investissements. Les entreprises en démarrage européennes comptaient pour 20 % du financement mondial en 2022, comparativement à 10 % en 2015, selon Dealroom.co. Au cours des trois premiers trimestres de 2022 seulement, l’Europe a réalisé plus de 9 000 transactions pour une valeur totale de 76 milliards d’euros. Au rythme actuel, la valeur des transactions pourrait surpasser les 100 milliards d’euros pour une deuxième année consécutive, selon PitchBook.

Garder une longueur d’avance

Malgré tout, comme il est peu probable que le volume des transactions égale les chiffres records de 2021, les fondateurs devront redoubler d’efforts et porter attention aux paramètres afin d’attirer des investisseurs. Comme la marge d’erreur est beaucoup plus mince pour ces derniers, ils chercheront des sociétés axées sur les coûts et la durabilité.

Les évaluations seront très différentes de celles d’il y a un an. Le multiple moyen d’une société infonuagique au cours des dix dernières années se situe entre 9x et 10x. Aujourd’hui, le quartile supérieur des sociétés infonuagiques se négocie à prime de 70 % par rapport au reste des entreprises, soit environ 9,2 fois, ce qui nous ramène à la moyenne sur 10 ans.

Les investisseurs au stade avancé s’attendraient à ce qu’une société privée se négocie à prime en raison de son potentiel de croissance. Donc, au lieu de 10x, ils pourraient penser à 12x ou 15x.

Occasions de placement

Il est important de se rappeler que certaines des entreprises florissantes ont vu le jour à une époque comme la nôtre. Lorsque nous sortirons de la crise, le monde sera différent pendant plus longtemps qu’il ne l’a été après les récessions de 2000 ou de 2008. C’est en raison des effets systémiques de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, des défis liés à la chaîne d’approvisionnement et de l’accent mis sur les activités de restructuration, qui entraînent tous une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Mais l’entrepreneuriat et la ténacité s’épanouissent dans l’adversité, comme le montre le volume continu des premiers cycles de financement.

Alors que le financement devient de plus en plus coûteux, les sociétés de technologie bien gérées, qui ont une culture solide et qui misent sur un modèle d’unité d’activité économique durable à court terme, reviendront dans un marché à forte concentration de capitaux et seront désireuses d’investir. Selon Morgan Stanley, d’ici 2024, en Europe, les secteurs de l’automobile, de l’énergie, des télécommunications, des produits pharmaceutiques et des services financiers disposeront de plus de 1 billion de dollars en espèces pour la distribution et la modernisation au moyen de fusions, d’acquisitions et de placements.

Les évaluations ressembleront davantage à la moyenne des dix dernières années, tout en laissant de la place pour quelques exceptions. Mais plusieurs entreprises devront faire face à des cycles en baisse à court terme, ce qui leur permettra de survivre et de devenir un chef de file à long terme.

L’absence d’argent flottant réduit la marge d’erreur pour les entrepreneurs et les investisseurs, ce qui entraîne une ruée vers la qualité dans les deux groupes : les meilleurs brilleront et les autres seront évincés. Les vainqueurs verront d’incroyables possibilités s’ouvrir à eux.

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