Passer au contenu

Comment le capital à long terme contribue à la transition vers la carboneutralité

Ziad Hindo, chef des placements du régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RREO), explique comment les investisseurs à long terme peuvent aider les sociétés de portefeuille à atteindre leurs objectifs en matière de durabilité

Quel rôle jouent les régimes de retraite dans la transition vers la carboneutralité? Quelles sont les possibilités pour les investisseurs alors que les gouvernements se concentrent sur l’économie verte? Ziad Hindo, chef des placements du RREO, a participé à une table ronde lors du congrès annuel de l’International Corporate Governance Network (ICGN), à Toronto, au cours de laquelle il a parlé de la transition énergétique et de ce qu’elle signifie pour les investisseurs à long terme.

En tant qu’investisseurs, que font les caisses de retraite pour relever certains des défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui?

Ziad Hindo : au cours des deux dernières décennies, nous avons été de plus en plus convaincus que les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG) sont d’importants moteurs opérationnels pour les investisseurs et les entreprises. Aujourd’hui, de bien des façons, ces efforts sont considérés comme des enjeux importants. Nous entrons dans une ère d’investissement d’impact, où les investisseurs et les entreprises déploient des capitaux et jouent un rôle actif dans la recherche de solutions aux défis mondiaux de manière à générer de bons rendements durables ajustés aux risques.

L’investissement d’impact est un domaine prioritaire pour le RREO et il devient de plus en plus un élément essentiel de sa stratégie d’entreprise.

En quoi cela influe-t-il sur votre approche à l’égard des changements climatiques?

Z.H. : notre stratégie en matière de climat comporte de multiples volets, se définit par une approche à long terme et nécessitera des capitaux. Elle est au cœur de notre stratégie d’investissement d’impact.

En 2021, nous avons pris l’engagement public de constituer un portefeuille de placement carboneutre d’ici 2050. Ce faisant, nous avons établi des cibles provisoires de réduire l’intensité des émissions de carbone du portefeuille de 45 % d’ici 2025 et de 67 % d’ici 2030. Pour atteindre ces cibles, nous adoptons une approche à plusieurs volets. Cette approche comprend une augmentation des investissements verts. Nous avons créé un groupe de catégories d’actifs appelé VERT pour équipe virtuelle sur l’énergie et les ressources renouvelables (Virtual Energy and Renewables Team), consacré à la compréhension de la transition énergétique et à de meilleures façons d’y investir.

Nous prévoyons également allouer environ 5 G$ à des actifs de transition à fortes émissions de carbone, dans le but d’utiliser notre capital et notre expertise pour aider certaines entreprises à fortes émissions à décarboniser leurs activités plus rapidement. On peut citer par exemple un service public qui utilise des centrales au charbon pour produire de l’énergie. En tant qu’investisseurs à long terme, nous pouvons aider l’entreprise à se passer des centrales au charbon au fil du temps et à faire la transition vers des sources d’énergie plus durables.

De plus, nous émettons des obligations vertes par l’entremise de notre filiale, l’Ontario Teachers’ Finance Trust, et nous avons pris l’engagement auprès des sociétés de portefeuille à les aider à adopter des voies de décarbonisation conformément aux principes de l’Accord de Paris.

« l’une des mesures les plus importantes que nous pouvons prendre en tant qu’investisseurs est d’exercer nos droits de vote pour influencer le changement positif. Cela est particulièrement vrai pour les sujets liés aux conseils d’administration et à la gouvernance efficaces, qui ont une incidence majeure sur le rendement à long terme et la viabilité des entreprises. »

Ziad Hindo
chef des placements, RREO

Quels sont les autres moyens que vous utilisez pour aider les sociétés de portefeuille à assurer leur durabilité à long terme?

Z.H. : l’une des mesures les plus importantes que nous pouvons prendre en tant qu’investisseurs est d’exercer nos droits de vote pour influencer le changement positif. Cela est particulièrement vrai pour les sujets liés aux conseils d’administration et à la gouvernance efficaces, qui ont une incidence majeure sur le rendement à long terme et la viabilité des entreprises.

Pour nos placements dans les sociétés ouvertes, nous votons en fonction de ce que nous croyons être dans l’intérêt à long terme de la société et de ses actionnaires, et conformément à nos principes du vote par procuration. Du côté des sociétés fermées, nous contrôlons environ 400 sièges aux conseils d’administration. Ces sociétés n’ont pas toutes le même accès aux ressources dont nous disposons, alors nous essayons de les aider au moyen de séances d’information qui améliorent les connaissances sur des sujets clés comme la décarbonisation.

En ce qui concerne l’avenir, quelles sont certaines des tendances générales que vous constatez en ce qui a trait au climat et à la durabilité?

Z.H. : l’une des tendances que nous constatons est une intervention accrue parmi les pays pour soutenir la transition énergétique. L’Europe a établi la norme avec son approche de la durabilité. Plus récemment, les États-Unis ont adopté la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act [IRA]), qui, selon nous, change la donne alors que davantage d’investissement seront consacrés dans la transition énergétique. De façon plus générale, l’IRA a forcé d’autres gouvernements à réfléchir à la façon d’être concurrentiels dans un monde axé sur une politique industrielle verte. Les gouvernements se font maintenant concurrence pour attirer des capitaux et soutenir la prochaine vague d’industries qui favoriseront une économie verte. Le Canada fait la promotion de quelques bonnes initiatives, et nous pensons que l’Amérique du Nord dans son ensemble jouera un rôle important dans la transition énergétique. Il y aura d’énormes possibilités pour les investisseurs à long terme comme le RREO.

Ziad Hindo

Ziad Hindo sur la gestion du risque et de la liquidité générale des actifs.

En tant que régime de retraite, nous avons la responsabilité fiduciaire de verser les rentes. Nous devons disposer du bon cadre de gestion des liquidités en cas de perturbation des marchés afin non seulement de nous assurer de pouvoir continuer à verser les rentes, mais aussi d’éviter d’être forcé de vendre. Pour notre part, nous avons constitué un portefeuille équilibré en fonction du risque qui peut offrir un bon rendement dans différentes conjonctures économiques. Pour ce faire, nous combinons des titres de sociétés ouvertes et de sociétés fermées, ainsi que différents secteurs et horizons de placement et différentes régions.