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Générer un flux d’occasions d’investissement est essentiel dans le marché des titres de sociétés fermées d’aujourd’hui

Nick Jansa, premier directeur général, Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RREO) discute de l’établissement d’une optique de placement à long terme à la conférence SuperReturn concernant les titres de sociétés fermées

Nick Jansa & Panelist

Comment le marché des titres de sociétés fermées a-t-il évolué au fil du temps? Sur quoi les sociétés de placement devraient-elles se pencher alors qu’elles évoluent dans le contexte économique actuel? Nick Jansa, directeur général du RREO pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMOA), a participé à une table ronde lors de la conférence internationale sur les titres de sociétés fermées SuperReturn, au cours de laquelle il a parlé des tendances des marchés et des occasions qui se présentent dans le secteur.

Voici quelques questions clés posées pendant la discussion et l’explication de M. Jansa sur l’évolution du marché des titres de sociétés fermées et sur les occasions qu’il entrevoit.

« En fin de compte, une stratégie de placement à long terme réussie ne se résume pas uniquement à un volume de transactions élevé. Lorsqu’on recherche des occasions de placement, que ce soit dans le même secteur privé, le même secteur public ou pour les mêmes entreprises, les choses changent simplement dans la façon de voir les meilleures occasions. »

Nick Jansa
directeur général, région EMOA

Comment le contexte du marché en évolution a-t-il influé sur la façon dont vous sélectionnez les occasions de placement?

Nick Jansa : bien que le marché semble légèrement différent de ce qu’il était il y a quelques années, il est important de se rappeler qu’il est cyclique et que les investissements visent le long terme. Au cours des dernières années, certaines personnes en sont venues à voir les investissements dans les titres de sociétés fermées comme des services financiers intermédiaires, où seules les transactions comptent. Tout le monde travaillait si vite que l’on a oublié les sociétés de portefeuille. L’accent se porte à nouveau sur ces sociétés de portefeuille. Avec le temps, alors que le marché se redressera, cela devrait se traduire par une meilleure solution intermédiaire.

En fin de compte, une stratégie de placement à long terme réussie ne se résume pas simplement à un volume de transactions élevé. Lorsqu’on recherche des occasions de placement, que ce soit dans le même secteur privé, le même secteur public ou pour les mêmes entreprises, les choses changent simplement dans la façon de voir les meilleures occasions. Tous les cinq à dix ans, les gens se mettent à parler des sociétés ouvertes et des sociétés fermées, mais les investisseurs à long terme se tournent toujours vers les grandes entreprises, et ils prêtent toujours attention au secteur privé. La seule différence aujourd’hui est que de plus en plus d’entreprises sont détenues par des intérêts privés, ce qui signifie que le volume de transactions devrait augmenter au cours des cinq à dix prochaines années.

Comment les sociétés d’investissement devraient-elles évaluer les entreprises dans les circonstances actuelles?

NJ : dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, le scénario de base pour la plupart des sociétés d’investissement devrait être de commencer par la « compression des ratios » afin de voir si leur scénario de placement fonctionne toujours. Cela n’a pas été nécessairement le cas depuis de nombreuses années, alors que les gens pouvaient compter davantage sur de bonnes conditions macroéconomiques.

Je crois qu’il incombe au secteur de s’assurer qu’il investit de la bonne façon, c’est-à-dire en recherchant des occasions de croissance, mais sans compter sur la possibilité d’acheter à bas prix et de vendre à un prix élevé (« expansion des ratios ») et de faire de cette pratique un principe de base des stratégies de placement. Si les entreprises fondent leurs décisions sur les bons ratios, nous devrions voir des investissements de très grande qualité au cours des prochaines années.

Sur quelle priorité doit-on miser parmi les facteurs ESG et comment la situation pourrait-elle évoluer?

NJ : nous devrions les considérer comme trois domaines distincts. En général, la gouvernance est sur la bonne voie, car la plupart des sociétés en comprennent la valeur. Elle a aussi beaucoup évolué et continue de progresser dans la bonne direction. Pour le RREO, la gouvernance est une préoccupation essentielle depuis 30 ans. Nos parties prenantes sont les enseignants et les gouvernements; elles mettent la barre très haute en matière d'éthique. Notre régime de retraite doit offrir des rendements durables à long terme et suivre des pratiques de gouvernance exemplaires afin d’être en mesure d’offrir des rentes viagères à ses membres.

En ce qui concerne l’environnement, le débat porte aujourd’hui principalement sur les données. Le secteur est passé d’une remise en question de la science il y a 10 ou 15 ans à une acceptation totale aujourd’hui, et cela tient à l’utilisation des données. Le prochain défi consiste à créer un écosystème pour les émissions de portée 1, 2 et 3 plus détaillées afin de permettre aux entreprises de mesure ces dernières et de les traiter de façon plus cohérente. Cela représente encore un délai de cinq ou dix ans, mais le tout s’accélère rapidement.

L’aspect social des facteurs ESG est probablement celui qui est le plus d’actualité, mais c’est aussi le plus difficile, le plus politique et le moins riche en données. Pour nous, miser sur l’incidence positive que nous pouvons avoir en tant que régime de retraite, tout en nous efforçant d’obtenir de bons rendements ajustés au risque, représente le moteur important de nos activités. Pour ce qui est du secteur social, en tant qu’industrie, nous devons nous pencher davantage sur ce dernier afin de le faire progresser plus rapidement.  C’est aussi un domaine où les jeunes générations ont un point de vue beaucoup plus solide, plus que toutes les générations précédentes.

L’investissement dans les talents est-il une priorité pour le RREO?

NJ : investir dans les talents est une tâche permanente. Nous croyons qu’il est important de former la prochaine génération de talents, car la diversité des points de vue est importante. Les jeunes générations pensent différemment et nous ne pouvons pas nous fier uniquement aux opinions existantes sur ce qui arrivera au cours des 10 ou 20 prochaines années. Nous avons besoin d’expertise, mais nous avons également besoin de perspectives différentes; un jeune de 18 à 25 ans pense très différemment des investisseurs d’autrefois.

Que pensez-vous de l’intelligence artificielle au RREO?

NJ : l’intelligence artificielle est un sujet très important, car nous la considérons comme faisant partie d’un bouleversement beaucoup plus vaste. Nous avons créé notre propre studio de capital de risque, Koru, pour travailler exclusivement avec les sociétés de notre portefeuille afin de mettre à l’essai et de créer de nouveaux produits et de nouvelles capacités qui les aideront à prospérer malgré les bouleversements. Nous avons également créé une nouvelle catégorie d’actifs, le portefeuille de Croissance audacieuse RREO (CAR), pour investir dans des entreprises qui sont à un stade avancé de développement de technologies qui aideront à façonner un avenir meilleur. Voici quelques-unes des façons dont nous, en tant que régime de retraite, cherchons à investir en la matière, mais aussi à mieux comprendre les changements à venir dans le monde dans lequel nous évoluons et comment nous pourrions nous-mêmes être source de changement.